E-learning : de la promesse à la réalité…

Le titre choisi ici est celui d’une étude en cours de l’UNSA-Ires menée par Jean-Luc Penot.

Étymologiquement, le e-learning est l’apprentissage par des moyens électroniques ; par extension, il désigne couramment l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet dans le but d’une formation pédagogique. Mais e-learning est aussi un « mot piège » car il peut cacher des intérêts commerciaux puissants ; on pourrait aussi parler d’enseignement, d’apprentissage ou d’école en ligne.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’idée d’utiliser des machines pour enseigner n’est pas une idée nouvelle… La première machine à enseigner remonte aux années 20 : élaborée par Sidney Pressey, elle permettait de corriger des QCM de façon automatisée. Plus tard, dans les années 70, arrivera l’enseignement programmé qui permet de transmettre des connaissances sans l’intermédiaire direct d’un professeur, tout en respectant les caractéristiques de chaque élève.

On a, dès ces débuts, le souci de la participation active de l’élève et la possibilité d’individualiser l’apprentissage.

Comme dans l’enseignement traditionnel, le e-learning peut être de qualité très variable selon le modèle d’apprentissage sous-jacent, les stratégies à l’oeuvre et les moyens affectés. Hélas, “le slogan « e-learning » est en général un prélude aux suppressions de postes et de moyens.” nous dit l’informaticien Stéphane Bortzmeyer. Or, dans son étude, Jean-Luc Penot observe que “le e-learning représente un investissement et non pas un système de substitution ou de réduction des coûts. Les systèmes de e-learning demandent des investissements, des développements et des accompagnements spécifiques, qui montrent que l’organisation pédagogique a autant d’importance que le contenu.”

Certains services de e-learning, qui peuvent être chers, ne vont guère plus loin que de mettre à disposition en ligne des QCM, des documents et ressources. C’est pourtant l’interactivité rendue possible par le Web 2, parfois plus qu’en présentiel, qui peut être la véritable plus-value. Peut-on interagir avec l’enseignant (par mail, visio-conférence, messagerie instantanée, forum, réseau social…) ? et avec les autres apprenants ? Est-ce réactif, animé ? Voilà des points qui semblent essentiels !

Et on voit bien par là-même que “l’économie” imaginée parfois, puisque l’on pourrait se passer du professeur, est totalement illusoire…

En même temps, le e-learning, si on se fie à la définition de départ, est omniprésent dans nos vies et celles de nos enfants. À chaque fois que nous consultons une ressource en ligne, que nous interagissons sur le Web dans le but d’apprendre quelque chose, nous sommes dans une situation de e-learning informelle.

Et si un des rôles essentiels de l’Éducation aujourd’hui, dans et hors l’École, était de permettre à nos jeunes de s’emparer de ces possibilités ? Cela suppose qu’on les accompagne dans des expériences où les moyens électroniques leur permettent d’apprendre, au quotidien, dans les classes, à la maison, dans les EPN (espaces publics numériques) et les lieux culturels…

Voilà un défi à relever au-delà des fausses évidences, une nouvelle façon d’abolir les contraintes de temps et d’espace et la prise en compte effective de ce qui est appris hors de l’École. Chacun sera alors à même de s’emparer de formidables outils de formation tout au long de la vie.

Photo : Sidney Pressey et sa machine à enseigner

Vous pouvez télécharger le dossier complet en format pdf ici : «Questions d’éduc» n°3

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