Lire, compter, découper, écrire, raisonner, dessiner, regarder, sauter, réciter, débattre, courir, chercher, analyser, corriger, fabriquer… ne se réfèrent pas seulement à des exercices construits, plus ou moins artificiellement, pour les besoins des apprentissages. Ils sont au cœur de nos pratiques humaines quotidiennes et mettent en oeuvre le corps, les sens, l’esprit, l’individu et le groupe. Le développement de nos capacités en compétences, c’est-à-dire en savoirs actifs et mobilisables, est l’enjeu de toute démarche éducative dans et hors de l’École.
Quels liens entre la géométrie des cercles, la découverte de la Chine, les œuvres de Kandinsky et la pratique du ping-pong ? A priori aucun… et pourtant, c’est la démarche que propose « éduc’ping », une opération éducative portée par la Fédération française de tennis de table pour la seconde année consécutive. Une manière ludique d’allier la découverte d’une activité sportive, l’approche d’un contexte culturel et des contenus des programmes scolaires, en fonction des âges des enfants et adolescents concernés.
Dès 3-4 ans, des jeux permettent d’accompagner, avec la raquette, la « balle kangourou » dans ses déplacements.
Cette balle toute ronde est, à la fois, ce que l’enfant apprend à tracer dans l’espace avec sa main, sur sa feuille à la manière du peintre et le premier cercle qu’il tente de réaliser. L’enseignant (professeur des écoles ou professeur d’EPS) porte ainsi, en partenariat avec les éducateurs sportifs fédéraux, un projet qui initie au sport et développe bien d’autres approches. Une manière aussi de « favoriser les passerelles entre l’école et le mouvement sportif » et d’ « établir une relation de confiance entre l’enseignant et l’éducateur sportif », deux des huit propositions que les Ambassadeurs du sport scolaire avaient préconisées en 2011 dans un rapport au Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative.
D’autres approches, allant dans ce même sens, permettent la valorisation de la pratique physique et sportive et la découverte de l’environnement et du patrimoine naturel, dans le cadre de projets mis en place avec les sports de nature, ou associant sports et santé dans des démarches qui sensibilisent aux bons gestes, à l’ergonomie, à la nutrition…
La culture et les arts sont également souvent vecteurs de cette complémentarité des approches.
Bien des territoires ont anticipé la notion de parcours artistiques et culturels, pour proposer des actions qui mêlent différents supports et langages artistiques et qui favorisent la découverte d’univers sensibles.
Ici, c’est la réalisation d’un carnet de voyage à vélo qui est prétexte à l’écriture, au dessin, à la photographie, au rêve et qui associe les choses vues et vécues avec des récits de fiction, l’approche des lieux parcourus et de leur histoire, la faune, la flore et l’art du voyage…
Là, c’est le cinéma qui est support pour voir, faire et débattre dans des ateliers qui permettent, tout à la fois, de visionner des films, d’en réaliser et d’apprendre ainsi à porter un regard sur le monde…
Ailleurs encore, il s’agira d’allier danses, chants, théâtre pour s’exprimer dans la réalisation d’une comédie musicale… après s’être nourris de contes et de lecture à la bibliothèque municipale. Chaque projet associe les enseignants, les structures associatives et les institutions culturelles, se déroule à la fois dans et hors les murs et les temps de l’École, renforce les compétences à dire et faire, à voir et comprendre, à s’ouvrir au monde et aux autres… Lorsqu’elle n’est pas cantonnée à la seule semaine de la presse à l’École, l’éducation aux médias est, elle aussi, un formidable vecteur de cette approche multiple permettant d’analyser les mots, les sons, les images, de passer de l’autre côté du poste, de l’écran, du clavier pour devenir à son tour transmetteur, passeur d’images, d’informations, de messages et mettre en oeuvre tout son esprit critique pour trier, comparer, sélectionner, valoriser ou contredire. Le numérique redonne une deuxième vie à cette découverte parfois rendue difficile par sa mise en oeuvre matérielle : journaux, radios ou télés sont accessibles sur le net et permettent un accompagnement des enseignants et des animateurs. Bien d’autres approches sont possibles (nous avons évoqué les projets citoyens dans » Questions d’Éduc n°8 « , consacré à la morale laïque, le n°235/236 d’Animation & Éducation rend compte des ateliers d’architecture pour et par les enfants).
Toutes ont ce point commun de ne pas entrer par les contenus disciplinaires et pourtant toutes en sont porteuses. Sans s’en rendre compte – ou presque -, les enfants ou les jeunes auront lu, écrit, compté, appris et bien plus encore. Les projets proposés présentent un intérêt réel et donc sont sources de motivation. Ils s’appuient sur une approche multidisciplinaire, font appel à différents intervenants, donc à différentes manières de présenter, de dire, de faire vivre les choses. Ils s’élaborent dans un partenariat équilibré qui permet à l’institution scolaire, au monde sportif, au domaine culturel de réaliser leurs objectifs de manière complémentaire. Au-delà des apprentissages directs, d’aptitudes, de savoirs, de gestes, de mots…, les apports induits sont nombreux puisque les projets sollicitent la coopération entre les enfants ou les jeunes, leur capacité d’initiative, les aident à s’exprimer et modifient leurs relations aux adultes. Une manière de conjuguer développement physique, sensible et intellectuel.
En un mot : une Éducation globale !
Crédit photo : NailsandNoms via photopin cc
Vous pouvez télécharger le dossier complet en format pdf ici : «Questions d’Éduc» n°9