[…] ce que nous vivons comme l’instant présent, ce que nous croyons découvrir comme un début n’en est plus un. Il est déjà riche de débuts qui le précèdent, et dont nous n’avons pas conscience. «
Jean-Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin, Les liens qui libèrent, 2012 .
Ainsi en est-il de l’enfant qui, le matin, arrive à l’école ou en activité éducative (cours de musique, de danse, d’arts plastiques, clubs sportifs…) et dont les adultes qui en ont la charge imaginent qu’il commence avec eux sa journée. Celle-ci possède pourtant d’autres débuts qui ne peuvent être négligés.
La nuit qu’il a passée, les conditions de son réveil, les relations avec son entourage… sont autant d’éléments qui marquent des commencements et facilitent ou compliquent son entrée dans un autre rôle, d’autres postures, d’autres exigences.
C’est avec ces passés, son passé, qu’il lui faut devenir apprenant. C’est sur les habits de ces (ses) autres vies qu’il lui faut enfiler son costume d’élève.
Ice breaking, il faut « briser la glace » dit-on en formation d’adultes afin de constituer le groupe et lui donner une dynamique positive. Cette même nécessité impose à tout formateur, tout éducateur, de prendre en considération l’enfant qu’il a en face de lui comme un tout et de ne pas instaurer un mur infranchissable, une séparation étanche. L’école ou les structures de loisirs éducatifs ne sont certes pas des exutoires sociaux. Mais, il s’agit d’accompagner l’enfant à mettre en équilibre les différentes facettes de sa vie, de l’aider à les rendre complémentaires et non opposées ou contradictoires.
Adaptable mais fragile, l’enfant est un être en construction. À ses besoins physiologiques primaires (avoir à boire, à manger, de quoi se vêtir, dormir…) s’ajoutent les apports psychologiques et sociaux indispensables à sa structuration et qui demandent qu’il puisse se défouler et se reposer,être en groupe et s’isoler, connaître et comprendre les règles, être félicité, se sentir appartenir au collectif et être considéré pour lui- même : exister dans sa globalité !
Nul doute qu’il y ait là une mission essentielle des éducateurs et qu’elle n’aille pas de soi, car elle ne s’improvise pas. La formation, pourtant incontournable sur ce point, manque.
Cette connaissance et cette prise en compte des caractéristiques et des besoins du public, avec lesquelles chaque éducateur agit, sont même des points fondamentaux qui devraient structurer les modules communs de formation dans les Espé afin que tous sachent, avant tout, qu’ils travaillent avec des enfants.
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Vous pouvez télécharger le dossier complet en format pdf ici : «Questions d’Éduc» n°9