Lors de la présentation de la réforme du système de santé, le gouvernement a entériné la fin du numerus clausus. A savoir le nombre national d’étudiants de première année commune aux études de santé (PACES) qui pourront accéder à la deuxième année. Ce système de sélection datait de 1971 et était destiné à limiter les dépenses de santé par la limitation du nombre de médecins.
Il était temps de supprimer ce couperet qui n’avait plus de sens, quand de nombreux médecins étrangers viennent s’installer en France pour occuper des postes non pourvus. Et que par ailleurs de nombreux étudiants français, pourtant brillants, s’autocensuraient l’accès aux études de médecine en France, préférant suivre ce cursus à l’étranger.
La fin d’une pression insupportable en PACES
Qui peut approuver le stress qu’infligeait le numérus clausus aux étudiants de PACES, transformant cette première année universitaire en un concours sans merci ? A tel point que les étudiants étaient davantage sélectionnés sur leur capacité à mémoriser des contenus essentiellement scientifiques, que sur les qualités attendues d’un futur médecin – qui relèvent aussi d’aptitudes relationnelles et humaines – ou sur la motivation des candidats pour le métier.
Sans compter une ambiance de compétition acharnée entre étudiants, peu répandue dans le premier cycle universitaire. Et le constat désolant que, pour tenir, un nombre croissant de jeunes étaient contraints de se priver de toute vie personnelle ainsi que de sommeil. La consommation de Guronsan, Modafinil ou autre substance destinée à tenir était devenue monnaie courante, mettant en danger la santé des étudiants. Un comble, pour des études de santé…
La suppression du numerus clausus ne mettra pas fin à la sélection, inéluctable et somme toute nécessaire. Mais celle-ci ne sera plus opérée à la manière d’un couperet, sur des critères discutables.
Le problème des déserts médicaux non réglés
N’attendons pas cependant de la fin du numerus clausus LA solution au problème des déserts médicaux. Car celui-ci n’est pas tant lié au nombre de médecins, mais à leur zone d’exercice.
Cette difficulté ne pourra être réglée que par la mise en place de conditions attractives pour que les praticiens y exercent.
Et la médecine scolaire ?
Cette question rejoint d’ailleurs un désert médical dont on parle moins : celui de la médecine scolaire. Peu attractive par la rémunération, elle le devient encore moins quand on sait que les médecins scolaires ont, du fait de leur nombre restreint, un effectif d’élèves toujours croissant. Qui rend difficile l’exercice de leurs missions.
Il est indispensable de se pencher sur ces questions, qui deviennent un vrai problème de société.
Véronique De Aguiar
Le 21 septembre 2018