Mozart aurait composé dans sa courte vie de 35 ans plus de 1000 œuvres dont 22 opéras, 44 concertos, 75 sonates. Picasso aurait, lui, laissé à la postérité plus de 10 000 œuvres durant sa longue vie de 92 années, dont 1885 peintures, 1228 sculptures, 2880 céramiques, 7089 dessins, 342 tapisseries.
Ce sont des personnages emblématiques de créativité. Pourquoi eux et pas nous ? Qu’est-ce qui rend quelqu’un plus créatif que son voisin ? Ni à l’époque de Mozart, ni à celle de Picasso, on ne pouvait l’expliquer. Ils étaient qualifiés de génie, pourvus d’un don (du ciel ?). À notre époque, l’imagerie cérébrale et l’analyse des zones du cerveau activées en production d’idées a permis de définir et mieux connaître les processus de créativité.
Définition
La créativité, c’est la capacité à produire une nouvelle idée, c’est à dire différente de ce qui existe déjà et adaptée pour résoudre un problème. Elle repose sur la pensée divergente qui suppose de produire une multitude d’images mentales variées, mais encore faut-il savoir les trier, les sélectionner.
Parmi ce foisonnement de possibles, choisir les formes qui ont un avenir car potentiellement réalistes ou réalisables.
C’est la capacité à résister aux phénomènes de fixation qui rend créatif.
Un phénomène de fixation c’est ce qui nous fixe sur ce qu’on sait déjà par l’expérience. Cela rejoint les découvertes d’Olivier Houdé en neuro-pédagogie, qui théorise les heuristiques de notre cerveau (ou biais cognitifs) qui empêchent de nouveaux apprentissages par raccourci sur du déjà appris. Il invite donc les pédagogues à inhiber les heuristiques, c’est-à-dire à inventer des jeux et exercices qui forcent les cerveaux à réfléchir pour produire de la nouveauté.
Comment s’entraîner ?
Il n’y a pas de développement linéaire de la créativité, comme il n’y a pas de développement linéaire de notre cerveau. Tout au long de la vie, on peut s’enrichir de créativité et de formes d’intelligence. Un enfant n’est pas par nature plus créatif qu’un adulte. Un enfant n’a pas les mêmes fixations ou heuristiques qu’un adulte mais il en a. En situation ordinaire d’éducation, à l’école ou en dehors, la créativité peut s’entraîner. À chaque fois que l’on met un enfant devant un problème à résoudre avec force de bienveillance pour lui permettre d’envisager DES solutions et pas LA solution supposée attendue par l’adulte, on éveille sa créativité. Et ça fonctionne dans tous les domaines de connaissance : pourquoi le linge mis à sécher dehors sèche plus vite que dans la maison ? Et si le chaperon n’était pas rouge, quelle histoire serait racontée ? Comment représenter la neige en peinture sans utiliser de blanc ? Et si ce parapluie servait à autre chose qu’à se protéger de la pluie ? Stimulons tous nos langages (langue orale, langue écrite, dessin, langage corporel) et nourrissons-nous d’images (dans toutes leurs diversités artistiques) pour que vive la créativité !
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