Apprendre par le jeu, assurément, mais jouer pour apprendre, est-ce encore vraiment jouer ?
Mêler plaisir et travail semble une formule contradictoire. Quelques systèmes éducatifs font sa place au jeu. Si les résultats ne sont pas nécessairement meilleurs, la qualité des apprentissages, elle, l’est.
Un « modèle » finlandais
Dans ce pays, en « préscolaire » de trois à sept ans, les enfants sont accueillis dans un « jardin d’enfants », cette période articule harmonieusement crèches, écoles maternelles et premières années d’école primaire. Pas de cahiers, de notes et priorité au jeu. Les Finlandais affirment avec Montaigne1 que « le travail des enfants, c’est de jouer ».
La forme est peu scolaire, le jeu stimulé puis organisé : travaux de groupe, expériences formatrices privilégiées, comme l’a observé Philippe Meirieu2, le rythme et les goûts des enfants sont constamment pris en compte. Les écoles sont des lieux de vie, avec des enseignements personnalisés où les élèves jouent des rôles, assument des responsabilités collectives en fonction de leur maturité.
Lors de sa réforme éducative de 2015, le pays a abandonné les matières au profit de sujets ou thèmes, donnant le cap d’un enseignement pratique avec des apprentissages ouverts aux questions du monde.
Par ailleurs, les évaluations servent plus à faire progresser élèves et personnels ; le plaisir d’apprendre en est un indicateur.
5ème au test PISA de 2015, la Finlande reste un système scolaire performant, inspiré de la pédagogie Freinet, qui s’attache à développer la vie sociale et contribuer aux vertus démocratiques…
1. La citation exacte de Montaigne, p. 55 au livre 1, chapitre 22 des Essais, édition de 1595 est : « Comme de vrai il faut noter, que les jeux des enfants ne sont pas des jeux : et les faut juger en eux, comme leurs plus sérieuses actions. »
2. « Leçon de Finlande », Philippe Meirieu (2016) ; https://urlz.fr/atDm