Serious games

Peut-on, doit-on prendre au sérieux les serious games ? Revue d’effectifs.

Que sont les jeux sérieux ?

Un jeu sérieux, ou serious game, est une activité qui combine une intention sérieuse (pédagogique, informative, communicationnelle, marketing, idéologique ou d’entraînement) avec des ressorts ludiques1. Il peut s’agir d’un jeu de société, d’un jeu de rôle ou plus souvent de jeux vidéo, qui greffent sur une base ludique, une finalité d’apprentissage afin de rendre celle-ci attrayante.

Apparu dans le domaine militaire2 dans les années 2000, le jeu sérieux a eu du mal à s’implanter dans la société française, où il est de tradition culturelle qu’on apprend mieux dans la douleur… Mais celui-ci est maintenant présent dans toutes les sphères : entreprises, organismes de formation, réseaux sociaux, internet…

Les différentes catégories

 On pourrait regrouper les jeux sérieux en cinq catégories non cloisonnées :

  • ceux destinés à faire passer une information (newsgame) ou un message marketing (advergame). Deux exemples : Mentalizer3 et Room Ideas conçus par Microsoft et      Ikea pour promouvoir leurs produits. Ou en politique : Primaires à gauche de Florent Maurin.
  • ceux à visée éducative, qu’il s’agisse d’apprentissage scolaire ou en entreprise (edugame). Dans l’enseignement, 2025 Ex machina propose une éducation critique à l’égard d’internet pour les adolescents.

D-Day, l’Odyssée est un jeu documentaire de Canopé qui reconstitue le monde englouti du débarquement. On peut également se former à l’écocitoyenneté, être sensibilisé aux crises humanitaires, apprendre à gérer son budget, enrichir son vocabulaire… Dans le cadre de la formation professionnelle, Suez Environnement forme les nouveaux arrivants dans un groupe avec le jeu Ambassador, et Renault l’ensemble des vendeurs d’un réseau via Renault Academy.

  • ceux qui ont pour objectif d’entraîner les joueurs à accomplir certaines tâches par simulation (exergame) : simulateurs de vol, de conduite… Les socialgame, présents sur les réseaux sociaux ;
  • ceux dédiés à la santé et à la recherche : les healthgame.

 Le Jeu Fold it4 a même permis des avancées scientifiques grâce aux participants.

  1. Wikipédia
  2. Le premier jeu sérieux en 2002 était destiné à communiquer sur l’image de l’armée américaine : America’s army.
  3. Pub virale pour le moteur de recherche Bing.
  4. Jeu expérimental sur le repliement des protéines.

 

Quels avantages ?

Le droit à l’erreur

 Nous avons presque tous déjà joué à un jeu sérieux, raté un niveau et persévéré jusqu’à y parvenir. En recommençant autant de fois que nécessaire sans être jugés. Le feedback immédiat permet au joueur d’analyser la lacune qui l’a empêché d’avancer et les compétences à acquérir.

Chaque erreur est ainsi une chance de réfléchir et de progresser.

Chaque joueur peut prendre son temps, progresser au rythme qui est le sien, sans freiner un groupe ni s’ennuyer s’il est plus rapide que les autres apprenants.

Le « jeu » « sérieux » permet de gérer l’hétérogénéité tout en permettant à chacun de se dépasser.

La motivation

Le jeu sérieux peut être un excellent levier de motivation, celle-ci étant le nerf de la guerre en termes d’apprentissage. L’apprenant est aux commandes de sa formation. Afin de collecter des points, il se fixe des objectifs et trouve du plaisir à se former. Le « jeu » fait oublier le « sérieux », ce qui est tout l’enjeu de cette apparente contradiction.

La collaboration

S’ils peuvent se pratiquer seuls, les jeux sérieux fonctionnent également en mode multi-joueurs. L’équipe entière est alors motivée pour parvenir à ses fins, ce qui facilite la collaboration entre apprenants. À condition que cela reste une compétition amicale.

Et les inconvénients ?

Convivial et motivant, le jeu sérieux,  serait-il l’outil idéal de formation ? Il faut rester réaliste. Comme tout outil, il a ses limites qu’il convient de prendre en compte. La première étant, sauf à être un développeur confirmé ou à pouvoir financer sa production, de trouver celui qui corresponde à la thématique recherchée et aux profils des apprenants. Et d’en assumer le coût. Sans oublier le matériel et la logistique adaptés.

Même s’il permet de jouer à plusieurs, le jeu ne permet guère de debriefing d’équipe ni de créer du lien. Enfin, il ne suffira pas pour assimiler une notion complexe qui nécessite l’accompagnement par un formateur. Le jeu est une porte d’entrée vers le contenu mais ne suffit pas.

Alors pourquoi  opter pour un jeu sérieux ?

Faut-il opter pour le jeu sérieux pour faire comme les autres ? Celui-ci peut contribuer à la notoriété d’un organisme par son caractère innovant.

C’est également un moyen d’utiliser un outil de formation en présentiel et à distance en apportant une touche de dynamisme. Mais le jeu sérieux est encore loin de faire l’unanimité auprès des publics.

La génération Y semble avoir une appétence particulière à se former par ce biais. On a même vu des addictions à certains jeux sérieux… mais qui se plaindrait d’une addiction à la formation ?

« Il faut jouer pour devenir sérieux »(Aristote)

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