Les résultats de la recherche sont constants : la compétition a des conséquences négatives sur la motivation des élèves. Au contraire, les pédagogies coopératives à l’école primaire sont favorables aux apprentissages et ont des effets positifs sur la qualité de vie à l’école, le climat scolaire et l’estime de soi. Les élèves apprennent mieux en se questionnant, en étant impliqués dans des projets communs.
La pratique ne s’est jamais imposée à l’ensemble du système.
Historiquement, l’Église catholique s’est opposée au XIXe siècle au développement de l’enseignement mutuel (où chaque élève apprend et transmet) qui rompt avec l’enseignement simultané (où le maître fait face à ses élèves). Les enseignants aux pratiques pédagogiques coopératives demeurent globalement marginaux et marginalisés…
Selon Nathalie Mons, sociologue et directrice du Conseil national de l’évaluation du système scolaire, la coopération entre pairs à l’école primaire n’est pas inscrite dans le paradigme scolaire français. Alors qu’elle fait partie de la culture anglo- saxonne, on la retrouve aux États-Unis, mais aussi dans les pays nordiques et asiatiques. La France fait figure d’exception.
L’enseignant-chercheur Sylvain Connac dans son ouvrage « Enseigner sans exclure (ESF, août 2017) » explique : le travail de groupe permet aux élèves de communiquer leurs idées personnelles, d’entendre celles des autres, de les confronter et de chercher “ qui a raison ”, de ne pas parvenir à se mettre d’accord et, au final, de se poser tellement de questions que les explications de l’enseignant répondent à une faim avide de savoir. Il juge même le tutorat intéressant en termes de développement de l’altruisme et susceptible de faire progresser chacun dans les apprentissages, s’il est tour à tour, tuteur et tutoré. Il affirme également que la meilleure façon d’apprendre, c’est d’enseigner. Avec la pluralité des savoirs scolaires, c’est possible. Aucun élève n’ est nul partout. Comment procéder pour installer de la coopération dans nos classes ?
L’auteur, Catherine Chabrun, nous l’explique dans « Les cahiers pédagogiques » (hors série numérique n°46, avril 2017) : il est nécessaire d’élaborer un milieu favorable qui s’appuie sur l’hétérogénéité (niveau, âge, maturité, milieu social et culturel) comme moteur d’interactions, avec au cœur un enseignant qui construit les situations pédagogiques, autorise le groupe et les individus à s’exprimer, créer, tâtonner…
Les résultats de la recherche sont constants : la compétition a des conséquences négatives sur la motivation des élèves. Au contraire, les pédagogies coopératives à l’école primaire sont favorables aux apprentissages et ont des effets positifs sur la qualité de vie à l’école, le climat scolaire et l’estime de soi. Les élèves apprennent mieux en se questionnant, en étant impliqués dans des projets communs.
Catherine Chabrun nous propose d’aménager l’espace pour que chacun puisse l’investir, s’y déplacer, échanger, organiser le temps (délimiter et rythmer le travail personnel et collectif) et de mettre en place le « Conseil », un moment de participation démocratique de gestion de classe, du cours, pour que chacun exerce sa citoyenneté en proposant, en décidant, en animant la réunion avec un fonctionnement évolutif en fonction des faits observés, des analyses menées par le groupe et ses propositions de changement.
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