Ces propositions ont été discutées sur ce blog avant d’être publiées, au nom de l’Unsa-Éducation sur la plateforme des États généraux du numérique pour l’éducation. Elles ne sont pas des mandats syndicaux mais une participation à la réflexion en cours.
Si vous souhaitez contribuer pour les autres thèmes, le mode d’emploi expliquant la démarche et comment vous pouvez participer est ici.
Coopération
Le numérique permet des modalités de travail d’équipe et de collaboration à distance, synchrones ou asynchrones qui peuvent faciliter ou compliquer l’équilibre vie pro/vie perso des personnels. Pour éviter l’envahissement, le numérique ne doit pas être la seule modalité de travail en commun mais être complémentaire ou au choix de chacun suivant les cas. Cette modalité doit apporter de la souplesse, éviter les déplacements inutiles mais en aucun cas se substituer complètement aux moments en présentiel qui favorisent des échanges plus spontanés et informels ainsi que la convivialité.
Pour que cette coopération puisse se faire via le numérique il faut la mise à disposition d’outils respectueux de la législation (notamment du RGPD), avec des capacités suffisantes pour supporter le trafic nécessaire. Ils doivent en outre être actuels, ergonomiques et utilisables sur smartphone. Tout comme les outils “grand public”, ils ne devraient pas nécessiter de formation technique (un tuto de prise en main ou une FAQ rapide devraient suffire).
Cela suppose des échanges par des canaux multiples (téléphone, mail, réseaux sociaux, forums…) entre les utilisateurs, les concepteurs et les techniciens afin que les besoins et difficultés soient connus et pris en compte rapidement dans une évolution constante des outils. Par exemple, le travail en cours de mise à disposition d’applications libres Apps.education.fr dans les académies est très intéressant et mérite d’être développé et financé à la hauteur des besoins.
À ces conditions, les réunions en visioconférence à distance ou en hybride, les espaces collaboratifs permettant des échanges au quotidien et de s’organiser de façon souple en limitant l’accumulation de mails et de réunions en présentiel, seront appréciés. Ces modalités doivent pouvoir intégrer les partenaires extérieurs aux établissements.
Enfin, la coopération entre acteurs éducatifs n’a pas attendu l’approbation et le regard de l’institution, elle existe en dehors et est foisonnante. Elle doit pouvoir perdurer en toute liberté (pédagogique) dans tous les espaces numériques déjà investis ou à venir (blogs, forums, réseaux sociaux…) sans être contrainte par l’utilisation exclusive des plateformes initiées par l’institution.
Retrouvez cette proposition sur la plateforme des États généraux du numérique pour l’éducation ici. Allez la soutenir, la commenter, la compléter, la contredire…
Développement professionnel
Une acculturation de tous, notamment des cadres de l’Éducation nationale, au numérique est centrale : non le numérique n’est pas “qu’un outil”, il s’agit certes d’outils (au pluriel) mais surtout d’un contexte et d’une culture à part entière.
Sans se substituer aux moments d’échanges et de formation en présentiel, les espaces et contenus numériques peuvent contribuer au développement professionnel des personnels dans des contextes institutionnels, extérieurs à l’institution (associations, collectifs, organismes de formation divers…) ou informels. Chacun peut accéder en ligne à des contenus lui permettant de développer et enrichir ses compétences professionnelles. L’Éducation nationale doit fournir des contenus de formation de qualité, accessibles, accompagnés chaque fois que cela est possible et consultables par tous les personnels à tout moment en version non-accompagnée. Elle doit les faire connaître et les proposer à tous ceux susceptibles d’être intéressés. Le temps passé et l’investissement consacrés au développement professionnel en ligne doit être reconnu par l’institution au même titre que celui en présentiel.
Les personnels produisant des contenus de formation doivent pouvoir bénéficier du temps nécessaire dégagé ou d’une rémunération spécifique.
Des moyens humains et financiers suffisants doivent être prévus à cet effet, nous pensons notamment aux ERUN souvent mobilisés sur des tâches annexes au détriment de leur cœur de métier ainsi qu’aux opérateurs de service public. Le Cned a besoin d’être modernisé et renforcé dans ses moyens, Canopé ne doit pas perdre, par une restructuration inadaptée, sa capacité à former et à accompagner tant dans la proximité de ses ateliers qu’à distance les personnels qui en ont besoin.
Enfin le numérique ne doit pas être utilisé à des fins de “surveillance” des personnels dans leurs actions de formation (ou autre domaine d’ailleurs), la confiance en l’institution qui leur est demandée suppose une transparence totale sur le traitement des données à caractère personnel dans le strict respect du RGPD avec un accès aux informations requises (y compris le registre des traitements).
Retrouvez cette proposition sur la plateforme des États généraux du numérique pour l’éducation ici. Allez la soutenir, la commenter, la compléter, la contredire…
A propos de numérique et coopération: les métiers de l’éducation sont des métiers du lien, des métiers de la relation humaine. Les outils numériques peuvent tout autant faciliter cette relation entre les personnes qui les pratiquent que l’empêcher. OUI à une formation hybride distanciée /présentiel qui évite les km à parcourir et donc fait gagner du temps, mais NON à une surabondance de mails qui vient envahir l’espace professionnel et personnel, et vise plus souvent l’injonction que la coopération. Le numérique doit faire partie de l’évolution des cultures professionnelles, mais sans prédominance.
Ce qui me gêne dans le télétravail et la téléformation, c’est la connaissance du modérateur de la date, de l’heure et du temps de connexion. Si l’agent se connecte à 23h, à 3h du matin ou à 6h , cela ne regarde que lui. (sauf cas particuliers, comme par ex la classe virtuelle)
Le temps de connexion (téléformation) permet de ne pas « bâcler » la formation mais d’un autre côté, si on maitrise le sujet (dans l’EN, les sujets sont imposés), on a le droit d’aller plus vite… Quelle usage est fait (ou sera fait dans le futur), de ce temps affiché de connexion?
Je propose que la date et l’heure soit masqué et connu uniquement du personnel concerné! Seul un indicateur (du genre « barre d’avancée ») pourrait s’afficher quand le module est terminé voire en cours.
Vous avez tout à fait raison, la confiance est encore plus de mise dans un contexte numérique où des données circulent. Ce point est explicitement précisé dans nos propositions sur le troisième thème ici : https://questionsdeduc.wordpress.com/2020/09/29/ebauche-de-propositions-pour-gouvernance-et-anticipation/
Je rejoins totalement ce qui est écrit ici. Dans cet article, le besoin d’un réel statut du formateur numérique, mais du formateur en général aussi, se dessine. Le mille feuille d’imp, décharges ou parfois juste heures supplémentaires n’est pas tenable et s’apparente trop souvent à du bricolage.
L’education nationale doit reconnaitre l’importance du statut de formateur et en créer un et stabiliser de façon cadrante le formateur dans ces foncions. Dans le second degré le Caffa a permis de valider les compétences du formateur, cela doit s’accompagner d’un statut. Le Caffa doit aussi être la porte d’entrée vers ce statut.
Je suis d’accord avec le commentaire de Mme Talavera, attention au flicage en ligne des horaires avec la formation en ligne. Celle-ci doit être cadrée et sur du temps fléché. Pourquoi ne pas généraliser la notion d’un compte temps de formation utilisable comme cela se fait dans le privé?