L’éducation sous condition humaine

La fermeture des écoles et EPLE (Établissement Public Local d’Enseignement ou établissements scolaires d’enseignement secondaire) a altéré les relations humaines qui s’y jouent, celles d’enfants à adultes, celles entre enfants et jeunes et celles entre adultes acteurs et responsables de leur éducation.
Qu’est ce qui est donc si nécessaire dans la relation à l’école ?
Qu’on la qualifie de pédagogique ou d’éducative, elle est un objet complexe qui demande de la réflexion, de l’engagement réciproque.
C’est sur ce sujet que Florence Lhomme nous donne à penser dans un ouvrage publié en mars 2020 : « La relation pédagogique, des clés pour se construire ».

Les fondements de la relation, un aperçu de l’ouvrage

Notre système éducatif est héritier de l’instruction publique. Il en porte encore aujourd’hui les marques, notamment celle qui consiste à penser qu’aller à l’école, c’est uniquement pour obtenir des savoirs. La question de la transmission de ces savoirs s’est pourtant posée au travers des siècles, de là sont nées la pédagogie, la didactique des savoirs disciplinaires puis plus récemment, les sciences de l’éducation.
Si maîtriser un savoir intellectuel est un prérequis indispensable, côté professeur, cela ne suffit pas.

Il y a bien autour de la transmission, la relation induite qui doit se construire dans la confiance, une saine autorité, la coopération et le postulat indispensable de l’éducabilité de toutes et tous. Cette relation est inscrite dans un environnement, celui de l’école, lui-même inscrit dans un environnement plus large, la société. Et tout est interconnecté, tout a une influence sur ce qui se passe au sein de la classe : les relations entre les adultes qui encadrent les enfants et les relations entre enfants ou adolescents (le climat scolaire), la construction personnelle de chacun·e (le psychisme entre à l’école aussi !), l’agencement des espaces, la gestion des collectifs, l’accès à la culture, l’origine sociale et la place dans la société de chacun·e.

Si la relation est primordiale, elle ne se décrète pas, « elle est un travail du quotidien qui, instaurant confiance mutuelle et autorité bienveillante, doit permettre de faire avancer l’élève. » écrit Florence Lhomme.
Et cela suppose d’être au clair sur la motivation profonde à choisir une carrière professionnelle dans l’éducation.
« Mener une analyse réflexive pour comprendre ce que l’on joue dans sa relation à l’autre, permet de développer avec professionnalisme l’empathie et la considération pour autrui (…) même lorsque les élèves semblent rétifs à tout apprentissage, il faut y croire. Absolument. Y croire malgré eux. »

Refonder la formation

La formation des acteurs éducatifs et parmi eux, les professeurs en première ligne de l’apprentissage, est une problématique récurrente du système éducatif. Elle a connu beaucoup de réformes, car bien difficile de faire tenir ces pans de l’action éducative, entre savoir, savoir-être et savoir-faire. Pour autant, il s’agit bien de s’inscrire dans un continuum de formation, qui dure tout au long de la vie professionnelle et qui s’enrichit de l’analyse des pratiques professionnelles. Car si le savoir est au centre des enjeux de l’école, le sens qu’a l’école pour les apprenant·es, son ouverture à la société, au monde, sont aussi des questions essentielles.
Un professionnel de l’éducation est toujours membre d’un collectif de travail. Il doit aussi apprendre à coopérer avec d’autres adultes pour une même finalité, chacun dans ses rôles et missions. « Acceptons de déplacer notre regard et c’est toute l’École qui changera. »

L’ouvrage de Florence Lhomme, par les repères pédagogiques posés et les pratiques éducatives présentées, à travers de nombreux exemples issus de son expérience de professeur de lettres, contribue à penser l’école humaniste du 21ème siècle.

Entretien post-confinement avec Florence Lhomme

Questions d’Éduc : après avoir vécu l’école sans école à travers l’enseignement à distance, comment faire vivre la relation pédagogique quand l’espace de la classe n’est plus là ? Florence Lhomme : « J’ai utilisé la classe virtuelle avec mes élèves, il faut préciser qu’il est possible de travailler à peu près comme en classe réelle. Des temps de réflexion en individuel, ou à partager en petits groupes y sont possibles. Nous avons pu aussi poursuivre le travail en projet et en ouverture culturelle commencé, nous avons reçu un chanteur de rap dans notre classe virtuelle à trois reprises. J’ai constaté aussi qu’après le temps du cours de français, il y avait un vrai besoin de parler, de décompresser, de laisser du temps de paroles libres partagées. La classe virtuelle est débarrassée du cadre ordinaire de la classe, j’ai rencontré davantage de naturel chez les élèves, comme si c’était devenu possible de dépasser les rôles assignés, de s’autoriser à être bon élève par exemple. Cependant, il y a des limites, liés aux problèmes de connexion, aux élèves perdus et jamais connectés, ou aux élèves qui n’interviennent pas et qu’il est plus difficile de solliciter car on n’est pas en interaction physique. »

La vidéo de notre entretien avec Florence Lhomme :

La version podcast :

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https://www.unsa-education.com/Questions-d-Educ

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