Faire vivre l’écologie dans un lycée, des illustrations concrètes

L’Académie de Montpellier intègre dans son Projet d’Académie 2019 – 2022 une dimension écologique « une académie accessible, innovante et éco-responsable » en est un des axes, avec un levier spécifique « s’engager dans une dynamique collective d’éco-responsabilité ». Il promeut « un soutien de l’éducation nationale à la prise de conscience collective de l’enjeu environnemental » et  « une prise en compte des préoccupations environnementales et climatiques par les services ». Les pistes indiquées pour agir sont « la valorisation de l’engagement des élèves, des écoles et des établissements scolaires » et « une transition écologique explicitée ».

Éco-responsabilité dans les assiettes

Comment cela s’est-il traduit sur le terrain ? « Questions d’Éduc » est allé à la rencontre de Florent Busson, gestionnaire d’un lycée dans l’académie de Montpellier et passionné par ces thématiques, pour comprendre comment dans ses fonctions il a transcrit cela en actes.

Le lycée de Mr Busson compte 1250 élèves dont 900 demi-pensionnaires. C’est tout naturellement par la restauration qu’il a poursuivi la démarche citoyenne existante dans son établissement à son arrivée cette année, démarche qu’il avait aussi engagée dans le collège où il exerçait auparavant. 

Le choix pour la restauration collective de son établissement s’est naturellement orienté vers les aliments bio, en passant directement par des fournisseurs locaux, sans grossistes. Il travaille par exemple avec un maraîcher bio situé à 1km, favorisant donc le circuit court, de la « fourche à la fourchette », moins onéreux et sources d’économies mais aussi de revenus meilleurs pour le producteur. Cela implique bien entendu de travailler avec des produits de saison. Pas de tomates en hiver dans son établissement. Un double travail est poursuivi en direction des élèves : une éducation au goût mais aussi à la saisonnalité des produits.

Réduire le gaspillage alimentaire

Le gaspillage est un autre champ dans lequel l’établissement de Mr Busson s’est beaucoup investi.

Éviter le gaspillage des aliments permet de faire des économies substantielles qui elles-mêmes permettent de monter en gamme de produits vers le bio. Comment cela est-il fait concrètement ? Le 

pain sera servi en tranches, et le récipient dans lequel les déchets pain sont placés est transparent, cela permet aux élèves, au-delà de la pesée, de voir concrètement la quantité jetée. Pour éviter la viande jetée, les portions sont données en fonction des retours des élèves sur leur faim. De même, il avait été remarqué que la viande jetée était souvent celle qui ne pouvait être coupée aisément, les couteaux ont été changés pour mieux répondre à ce besoin.

L’établissement propose chaque jour un choix entre deux viandes, un poisson ou plat végétarien. Le jeudi, il y a trois plats végétariens et une viande et un poisson. Les plats sont des créations maison, privilégiant le goût et travaillant sur les codes des plats classiques : lasagnes végétariennes, nuggets d’épinard. Ils sont plébiscités par les élèves : ils représentent plus de 40% des plats servis le jeudi. La démarche éco-citoyenne passe ici par une prise de conscience de l’intérêt d’une consommation moindre en viande pour la santé, mais aussi pour l’intérêt environnemental. L’impact carbone d’un plat végétarien est moindre que celui d’un plat de viande. Enfin, un plat végétarien est moins cher ; les économies réalisées se répercutent sur la viande : moins de viande mais de meilleure qualité.

Les économies sont loin d’être négligeables. Le gestionnaire indique que dans son ancien établissement 13% des coûts des denrées partaient dans le gaspillage et que ce chiffre était passé actuellement à 7%. Les actions sur la facture énergétique, en ajustant au mieux chauffage, lumière, en remplaçant les ampoules par des leds, en récupérant l’eau de pluie ont permis d’économiser 5% des factures. Mr Busson réalise ainsi plusieurs milliers d’euros d’économies qui peuvent être réinvestis dans des projets. On le voit, l’éco-citoyenneté est aussi bonne pour la planète que pour les finances… 

Trier et recycler 

Le tri et la valorisation des déchets sont d’autres pistes travaillées. Les emballages recyclables, les déchets compostables et les restes de viande / poisson sont triés séparément. Avec l’aide des collectivités territoriales, l’établissement prévoit une montée en puissance du compostage avec un pavillon compost à la rentrée. Le compost sera utilisé sur les 5 hectares d’espaces verts du lycée et mis à disposition des personnels. L’entretien des espaces verts se fait en collaboration avec un berger dont les brebis pâturent dans l’établissement. Le personnel destiné à la tâche de tonte est libéré pour d’autres tâches dans l’établissement, la tonte est bien entendue plus douce et plus écologique. La bio-diversité est aussi préservée, avec des parcelles laissées en friche pour permettre aux insectes et à la flore d’y vivre naturellement. L’établissement prévoit aussi à partir de la rentrée de réduire ses déchets en achetant des seaux de yaourt et en les servant dans des récipients en verre plutôt que de jeter des emballages individuels.

Agir sur les mobilités

L’établissement se veut aussi soucieux d’une démarche éco-citoyenne pour la mobilité des personnels et élèves. Un garage à vélo sécurisé est proposé aux élèves et un autre le sera prochainement aux personnels. De nombreux collègues se rendent en effet dans l’établissement en TER et finissent le trajet en vélo. L’établissement va aussi mettre à disposition une borne de recharge pour les personnels ayant des véhicules électriques, qui sera aussi utilisée pédagogiquement par les élèves des filières liées à l’électronique. L’établissement dispose de plus d’un vélo électrique de service pour les déplacements courts comme  pour aller à la poste, mais aussi pour aller au rectorat de Montpellier et compléter les trajets en train (TER).

Réfléchir collectif et coopératif

Les pistes sont nombreuses et l’établissement s’appuie comme relais mais également comme force de proposition sur les éco-délégué·es mis en place dans l’académie. 

Chaque classe compte un ou une élu·e éco- délégué·e qui relaie et explicite les actions en cours. Le rectorat valorise et pilote aussi la démarche éco citoyenne par la mise en place d’un label  E3D (Éducation au Développement Durable) doté de 3 niveaux prenant en compte les actions mises en place, la formation des personnels…

Mr Busson explique avec simplicité qu’il suffit d’un élément déclencheur pour entraîner les bonnes volontés et engager une réflexion et des actions communes.

 De nombreuses pistes pragmatiques et simples à mettre en œuvre existent. Reste, à l’instar de ce qui peut être mené en pédagogie parfois, à arriver à mutualiser les démarches et idées pour que l’expérience des uns puisse bénéficier aux autres sans que chacun travaille seul de son côté.

POUR ALLER PLUS LOIN : https://www.unsa-education.com/magazines/questions-deduc-n43-2/

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