« Il faut dédiaboliser l’éducation à la sexualité »

Pourquoi est-il si important de mettre en place l’éducation à la sexualité en milieu scolaire ?Cet ouvrage répond à cette question et propose des outils et des pistes de réflexions. Nous avons rencontré les auteur.e.s Sébastien Landry (S.L) et Véronique Baranska (V.B) coauteur·e·s du livre « L’éducation à la sexualité » qui propose des outils et des pistes de réflexion. (chapo)

A qui s’adresse ce livre ?

V. B : « Il s’adresse au grand public, à tous les professionnels qui exercent dans l’éducatif. Que ce soit en milieu scolaire, sportif, dans d’autres structures d’éducation populaire et aux parents. Cet ouvrage aurait sa place dans les CDI de lycées pour les jeunes et les professionnels et dans les collèges pour les professionnels. Ça concerne tout le monde ! »

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

S. L: « On a écrit cet ouvrage pour mettre en avant l’importance de l’éducation à la sexualité qui est obligatoire à l’école à raison de 3 séances par an et dans chaque classe de l’école jusqu’à la fin du lycée et qui n’est pas forcément mise en place dans tous les établissements. »

S. L: « Le but est de ramener l’éducation à la sexualité dans son champs d’application à l’école et de montrer en quoi elle va protéger les enfants et la société en général contre les violences sexuelles et sexistes. »

V. B : « C’est un ouvrage pour dédramatiser, dédiaboliser. Les parents ne sont pas contre l’éducation à la sexualité malgré ce qu’on a voulu nous faire croire au moment des ABCD de l’égalité. Il ne faut pas mélanger la religion et l’école. Les professionnels de l’éducation exercent dans le cadre de la laïcité»

Quels sont vos constats ?

V. B « Les jeunes ne connaissent ni leur droits en matière de sexualité, ni la loi, qui est pourtant là pour les protéger. Ils doivent connaître leur propres limites. Notre pays fait face à une recrudescence des violences conjugales. Le chiffre augmente, cest inacceptable. Quand on entend ce qui se dit dans les cours de récréation et quand on voit la violence via les réseaux sociauxil faut se poser la question sur notre action à venir. »

S. L : « On veut mettre un tabou sur l’éducation à la sexualité alors que tout est sexualisé dans notre société. Pour vendre un parfum, la femme est dénudée sur les affiches. On en voit partout dans la ville. La pornographie est trop facilement accessible. Les tabous nous empêchent de parler de la vraie sexualité avec les jeunes comme n’importe quel autre domaine de la vie. »

Que proposez vous pour limiter cet accès à la pornographie ?

V. B : « Comme on ne les empêchera pas d’aller sur les réseaux sociaux et internet, autant les orienter vers des sites d’informations qui sont intéressants comme onsexprime ou sexotutos de Lumni par exemple. »

Est-ce que l’éducation à la sexualité doit être mise en place par le personnel de santé ?

V. B : « Pourquoi veut-on tout médicaliser ? Il n’y a rien de médical dans l’éducation à la sexualité. Il y a aussi peut-être des informations à donner aux personnels de direction et à l’ensemble de la communauté éducative à ce sujet.

Une affiche sur le consentement et « hop ! » dans le casier de l’infirmière, une affiche sur la lutte contre l’homophobie et la transphobie et on voudrait que ça soit affiché dans les infirmeries, etc Qu’est ce qu’il y a de médical dans le consentement et la lutte contre les discriminations ? Il y a un problème, on parle de citoyenneté. On ne parle pas de quelque chose qui est médical ! »

Comment en finir avec le tabou sur la sexualité ?

V. B « Il faut commencer à pouvoir en parler le plus tôt possible. On a des exemples dans les pays du nord ou l’éducation à la sexualité commence en maternelle. »

« Si les séances étaient faites plus tôt, les jeunes de collèges s’esclafferaient moins ou auraient moins honte de parler de leurs représentations autour de la sexualité pendant les séances. »

Comment aider les enseignants à mettre en place les trois séances annuelles ?

S. L : « Quand on n’a pas de formations sur la prise en charge des troubles sexuels et de la sexualité positive, on répond avec nos connaissances, nos croyances, nos représentations, ce qui n’est pas le mieux pour intervenir. »

V. B : « Il faudrait que les équipes éducatives soient formées en lien avec le parcours éducatif de santé dans le cadre de l’accompagnement au développement des compétences psychosociales qui serviront dans tous les milieux. Travailler l’estime et la confiance en soi,par exemple, c’est juste fondamental pour un jeune. »

Que proposez-vous pour former les professionnels de l’éducation ?

V. B:  « Pour toutes les personnes qui ont un concours pour rentrer à l’éducation nationale, il faudrait un tronc commun en INSPE lors de la formation initiale sur le développement de l’enfant et de l’adolescent, dont le développement psychosexuel. Connaître les droits de l’enfant est aussi incontournable.

Il faut également que les professionnel.le.s des différents métiers se rencontrent, se connaissent et apprennent à travailler ensemble sur des projets communs.

Et comme l’éducation à la sexualité doit être progressive et en phase avec le développement psychosexuel, il serait nécessaire de compléter par des formations continues car la jeunesse évolue aussi. »

Et au niveau du ministère, quelles actions préconisez-vous ?

V. B : « Si on continue de compter sur le volontariat pour l’éducation à la sexualité, cela n’avancera guère. Le volontariat, il faut le solliciter, alors que, normalement, l’éducation à la sexualité relève de l’ensemble de la communauté éducative. Il y aurait besoin d’une impulsion nationale. On attend les deux vadémécums sur l’éducation à la sexualité, un pour le 1er degré et un pour le 2d degré, ces derniers ayant été annoncés dans la presse. »

Pour aller plus loin:

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