« Motivation » est un mot que l’on entend et emploie plusieurs fois par jour ; il est devenu tellement courant dans notre langage quotidien… Il faut dire, qu’appartenant au grand lexique du mouvement, il est particulièrement mis à l’honneur par le rythme effréné que nous impose notre époque. Le « movere » latin a donné « mouvoir » en français, et toute l’isotopie qui en découle : mobile, moteur, motiver, motivation, mais aussi émouvoir, émotion. La motivation, pour la définir de la façon la plus générique possible, ce sont les raisons, les intérêts qui poussent un individu à l’action, qui le mettent, littéralement, en mouvement.
Au cœur de la problématique scolaire, la motivation nous renvoie, nous, pédagogues (et n’oublions pas que le sens de ce mot tend à souligner que nous sommes les « conducteurs » des enfants qui nous sont confiés), à de multiples difficultés. Celle, dans un premier temps, d’être à l’écoute de toutes les motivations, de la plus balbutiante à la plus affirmée, de tous nos élèves, dans leur multiplicité et leur diversité. Le temps de l’individualisation de l’écoute n’étant pas le plus facile à mettre en place dans nos classes. La façon d’y parvenir n’est pas non plus évidente. Il semble y avoir dans la capacité à faire naître et grandir la motivation de nos élèves une dimension humaine devant laquelle les équipes pédagogiques les plus aguerries peuvent se trouver démunies.
Indissociable du sens
La motivation est indissociable du sens : on ne se met en mouvement que si on a un but à atteindre, un sens dans lequel aller. Pour nos élèves, le sens des apprentissages est à lui seul le générateur (ou l’inhibiteur) d’une motivation inconstante et fragile. Sans compter que les conditions familiales et sociales influent, voire déterminent le lien que les enfants peuvent nouer avec l’idée qu’ils se font de la réussite, et par conséquent des mécanismes à mettre en œuvre pour y parvenir.
Il apparaît donc nécessaire de penser le travail sur la motivation comme un objectif à part entière, construit dans la durée et faisant l’objet d’un suivi pluriannuel. On sort, dès lors, des mises en œuvre individuelles, chacun dans son espace ; c’est dans une véritable dynamique d’équipe, voire d’établissement que doit s’inscrire cette volonté de questionner chez nos élèves le sens de leurs objectifs et du parcours à construire pour y parvenir. Sans doute l’aide apportée par des partenaires associatifs, aguerris à ces problématiques et riches d’une relation différente aux élèves.
Du côté des personnels
L’association Energie Jeunes, agréée par le MEN depuis 2014, et reconnue d’utilité publique depuis 2017, propose « une alliance éducative pour coconstruire » la réussite scolaire, particulièrement dans les établissements où les inégalités sont les plus présentes. Sous forme d’interventions ponctuelles ou de supports libres, ils affichent une volonté « de développer au sein de chaque classe les motivations d’apprentissages [et de] provoquer les déclics psychologiques qui aident à surmonter les difficultés scolaires ».
Si la motivation de nos élèves est quotidiennement mise à l’épreuve, que dire de celle des personnels ? Sens de la mission, déceptions, difficultés relationnelles ou professionnelles, épuisement des bonnes volontés dans des efforts vains ou ressentis comme tels…. Les écueils ne manquent pas. Tout adultes que nous sommes, il nous coûte parfois beaucoup de temps et d’énergie de tenter de retrouver un peu de motivation pour poursuivre une mission, qui pourtant, reste pour la plupart d’entre nous, une véritable vocation.
extrait de Questions d’Educ n° 46 « Quel climat pour apprendre ? « : à lire en ligne