Propositions pour un égal accès au numérique pour tous

Ces propositions ont été discutées sur ce blog avant d’être publiées, au nom de l’Unsa-Éducation sur la plateforme des États généraux du numérique pour l’éducation. Elles ne sont pas des mandats syndicaux mais une participation à la réflexion en cours.
Si vous souhaitez contribuer pour les autres thèmes, le mode d’emploi expliquant la démarche et comment vous pouvez participer est ici.

Égalité d’accès

Un égal accès dans tous les territoires suppose à la fois des terminaux numériques, une connexion suffisante et stable et des infrastructures réseaux adaptées aux besoins. Pour que le numérique soit au service des apprentissages, il faut qu’un équipement minimal soit garanti dans toutes les classes (terminaux, connexion, logiciels, applications et manuels) dès la maternelle. Cet équipement doit être déterminé au plus près des besoins des élèves et des projets menés par les équipes pédagogiques. L’aide technique, l’accompagnement pédagogique et la maintenance doivent faire partie de la politique d’équipement.
Il est important d’éviter les équipements uniformes et imposés à tous qui peuvent se révéler inadaptés et chronophages. Il convient dans tous les cas de mixer équipements numériques et équipements traditionnels (non numériques) pour que chaque élève, chaque enseignant puisse, en fonction de ses besoins et de ses préférences, avoir le choix.
Chaque élève doit disposer chez lui d’une connexion et d’un terminal numérique lui permettant d’accéder aux contenus utiles à sa scolarité, tant pour son travail personnel ordinaire qu’en cas de crise nécessitant une “continuité pédagogique” à distance. Une aide devra, le cas échéant, être proposée aux familles qui en ont besoin.
Il est indispensable de connaître les équipements personnels des élèves ainsi que les habiletés qu’ils ont développées sur les plateformes qu’ils utilisent pour leurs loisirs et leurs contacts sociaux, et d’en tenir compte afin d’en faire des points d’appuis vers d’autres usages plus axés sur les apprentissages.
L’équipement numérique des personnels, notamment celui utilisé pour les préparations de cours et éventuellement l’accompagnement des élèves à distance, ainsi que la maintenance de celui-ci doivent être pris en charge par l’Éducation nationale, suivant des modalités simples permettant à chacun d’acquérir le matériel de son choix adapté à ses besoins (préférablement par un crédit d’impôt ou une prime annuelle).

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Numérique et parentalité

Les parents sont des acteurs centraux qui peuvent se sentir dépassés par les aspects numériques liés à la scolarité de leurs enfants, voire en amont par la maîtrise de l’écrit et/ou de la langue française. Il faut aussi prendre en compte le fait que dans les milieux défavorisés le smartphone est souvent le seul terminal numérique à disposition. Les communications école-famille doivent pouvoir se décliner suivant différentes modalités, non exclusivement numériques, et idéalement non exclusivement écrites. Des traductions écrites ou orales dans d’autres langues, des versions audio ou imagées doivent être fournies par l’Institution pour toutes les informations essentielles. L’usage ordinaire d’un ENT et/ou d’un cahier de liaison numérique accessible sur smartphone doit être généralisé avec des accompagnements pour la prise en main de l’outil. À cet effet, des ateliers parents/enfants/équipe éducative peuvent être organisés dans l’établissement, avec si possible l’aide et la participation des animateurs de l’éducation populaire, des associations de quartier et des médiateurs numériques. Il convient de s’assurer que les enfants savent parfaitement utiliser ces outils afin qu’ils puissent le cas-échéant aider leurs parents et s’en servir de façon autonome.

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Inclusion

L’inclusion de tous les publics, y compris allophones, en situation de handicap ou à besoins spécifiques doit être une préoccupation, d’autant que le numérique peut faciliter, de façon parfois simple et automatisée, l’accessibilité à tous : traduction automatique, polices de caractères adaptée (aux dys, agrandie…). Toujours en complémentarité avec d’autres entrées non-numériques, le numérique ouvre la possibilité de diversifier les modalités de mise à disposition d’informations, de ressources et d’activités de qualité en direction de l’ensemble des personnes. Afin de n’écarter personne, les applications et contenus doivent pouvoir être consultables hors connexion pour les zones blanches et les petits forfaits en data.
Cet accès, y compris pour les personnes en situation de handicap, suppose le respect de la norme RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité).
Le secteur public doit pleinement prendre sa part via ses opérateurs (le Cned, Canopé) et ses groupements d’intérêt public (comme PIX) afin de garantir à tous des services de qualité publics et gratuits. Ceux-ci doivent avoir des moyens suffisants pour mailler le territoire, s’adresser à tous et s’adapter en permanence aux besoins.
Enfin, la meilleure façon de s’assurer qu’en cas de crise, toutes les familles, les élèves et les personnels soient en capacité de rester en lien via le numérique est d’intégrer cette modalité dans l’ordinaire de la vie scolaire au moins par petites touches régulières. En effet, l’inclusion numérique des publics en difficulté commence par l’école et l’acculturation des enfants au numérique dès le primaire.

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Ressource pour aller plus loin :
Illectronisme et inclusion numérique (vidéo de l’audition de Mme Salwa Toko, présidente du Conseil national du numérique du 9 septembre 2020 au Sénat)

3 réflexions sur “Propositions pour un égal accès au numérique pour tous

  1. À propos de l’égalité d’accès, j’ai appris que le département du Val d’Oise est choisi pour préfigurer ce qui pourrait être généralisé ensuite concernant l’équipement des enseignants. Des imprimantes Epson vont être ainsi offertes ….. Attention! Fausse bonne idée ! Car les consommables seront à charge des personnels, et s’est-on posé la question de l’impact écologique d’un tel équipement s’il devait concerner les 800000 enseignants? Est il nécessaire que chacun.e ait une imprimante à son domicile ? Ne serait il pas préférable et moins coûteux pour la planète d’equiper Écoles et EPLE ? Laisser le choix de leur équipement aux professionnels est une marque de confiance et une reconnaissance de leur autonomie dans l’exercice de leurs métiers, voilà pourquoi le crédit ou la prime annuelle est une meilleure idée que l’équipement offert et imposé !

  2. Je pense qu’il faut aussi sortir des salles dédiées à l’informatique, le numérique doit être partie prenante de la salle de cours et faire partie de l’environnement habituel des élèves, pas un endroit spécifique dans l’établissement où l’on va de façon exceptionnelle. Sur l’équipement des familles / professionnels, je suis partagé sur l’idée du crédit d’impôt. Proposer un outil commun à tous les enseignants permet aussi un suivi technique de ces outils plus simple en standardisant la flotte…A mon sens, il faut aussi créer un réel statut de technicien informatique dans les établissements. Les CENT dans le second degré sont très compétents, mais ils accomplissent ces missions en plus de leurs heures de cours, ou avec une décharge faible. Imagine-t-on n’importe quelle autre structure fonctionner ainsi?

    1. Merci Frédéric pour ces apports.
      Pour la question de la limite des salles dédiées cela relève plutôt de la thématique « Enseigner et apprendre avec le numérique » mais nous avons pris note.
      Pour l’équipement des enseignants nous ne pensons pas que les besoins soient les mêmes selon qu’on soit PE en maternelle ou prof en lycée pro et si l’institution fournit un outil inadapté ou trop limité (ce qu’on peut raisonnablement craindre) les enseignants devront acquérir en plus quelque chose de fonctionnel pour eux. C’est pourquoi nous tenons à la liberté de choix des équipements des personnels. Pour les familles effectivement cela se discute et peut être contraint pour des questions de maintenance, et évidemment l’équipement des établissements relève aussi de cette contrainte. Cela rentrerait plutôt dans le thème « une meilleure gouvernance et anticipation » mais les thématiques proposées par le ministère ont des contours flous difficiles à appréhender. Idem pour la question du technicien informatique dans les établissements.

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