La réussite scolaire pour tous

Pour l’UNSA Éducation et ses syndicats, la réussite scolaire pour tous passe par un profond changement de notre système éducatif. Si davantage de moyens et de postes sont nécessaires, ils ne suffiront pas sans une transformation réelle à rendre notre École plus juste, plus généreuse, moins excluante. Ceci nécessite de prendre en compte la réalité des parcours éducatifs. Ainsi la séparation traditionnelle des systèmes de formation initiale en « primaire », « secondaire », « supérieur » ne correspond plus à la réalité des parcours de formation. La continuité de ceux‐ci nécessite une reconstruction de l’ensemble.

Cette refondation passe par trois éléments :

  • la reconnaissance de la globalité de l’acte éducatif partagé entre l’École et le hors scolaire (famille, éducation populaire…) ;
  • l’instauration d’un socle commun rénové de compétences et de connaissances dont l’acquisition doit être due à chacun à l’issue de sa scolarité obligatoire ;
  • l’articulation bac – 3/bac +3+5 qui permet, dès le cycle terminal, des parcours diversifiés rendant possible une orientation choisie et valorisant l’apprentissage de l’autonomie. 

La priorité donnée à l’école primaire
L’école primaire constitue pour nous le premier maillon de la scolarité et la première étape d’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences.
Nous revendiquons que le début de la scolarité obligatoire soit fixé à 3 ans.
La scolarisation dès 2 ans doit être rendue possible à la demande des parents. En effet, la scolarisation en maternelle est un élément essentiel de réduction des inégalités. Elle favorise le développement psychomoteur, la socialisation du jeune enfant.
Elle doit concourir, en liaison avec la famille :

  • au dépistage et à la prise en charge précoce des difficultés et des handicaps ;
  • au dépistage des troubles de la santé, du langage et à leur traitement approprié.

L’école élémentaire doit amener tous les élèves dans les meilleures conditions possibles au collège.
La réalité actuelle est celle d’une grande diversité avec des écoles de taille différente, des regroupements pédagogiques, des réseaux d’écoles. L’UNSA Éducation considère qu’il ne peut y avoir de modèle unique.
Les évolutions souhaitables doivent avoir pour principal objectif d’améliorer l’efficacité pédagogique et d’offrir aux élèves les meilleures qualités d’accueil, de locaux, d’équipement, de restauration. Elles doivent donner aux écoles l’autonomie budgétaire pour la mise en oeuvre du projet d’école et faciliter la gestion administrative.
L’UNSA Éducation suivra avec attention l’expérimentation d’écoles du socle commun qui mettent en réseau collège et écoles d’un même secteur.
Pour mettre en place une politique efficace d’aide aux élèves en difficulté, la présence dans l’école d’enseignants en nombre plus important que de classes est une nécessité, ainsi que l’intervention de réseaux d’aide spécialisée. Pour cela, il faut réaffirmer le rôle et rétablir les moyens des RASED.

La rénovation du collège
Le collège doit devenir celui de la réussite de tous et de chacun.
L’hétérogénéité des élèves impose la mise en oeuvre de pédagogies différenciées, la mise en place de dispositifs d’aide et de soutien.
Nous refusons toute orientation prématurée, toute filière ségrégative, toute discrimination avant la fin du collège.
Dès le début du collège doit être mise en place une véritable éducation au choix et à l’orientation prenant en compte les compétences des élèves, leurs acquis, leur motivation sur un horaire clairement identifié dès la classe de cinquième.

La redéfinition du socle commun
Les pays qui obtiennent les meilleurs résultats s’agissant des compétences acquises par les jeunes sont ceux qui ont organisé une scolarité obligatoire sans aucune rupture, sans redoublement, sans sélection ou orientation avant le terme du socle commun.
Aussi, il s’agit pour nous de faire du socle commun une réalité. Cela nécessite de :

  • travailler par compétences ;
  • réviser les contenus d’enseignement ;
  • mettre l’évaluation au service des apprentissages ;
  • assurer la continuité école primaire/collège afin de faire bénéficier aux plus fragiles des « réseaux du socle ».

Des espaces numériques dédiés au socle rénové permettent d’aller plus loin dans cette réflexion :
http://soclecommun2012.wordpress.com
http://www.scoop.it/t/le‐socle‐commun‐pour‐refonder‐l‐education
Par ailleurs, le socle a fait l’objet d’une contribution spécifique.

Le lycée de la réussite
La mission du lycée de la réussite est d’assurer la qualification et l’insertion professionnelle de tous les jeunes en mettant fin aux sorties sans qualification et en instaurant une véritable continuité du lycée aux formations supérieures. Cela implique :

  • aucune sortie sans diplôme ;
  • 80% d’une génération au « niveau bac » ;
  • une égale dignité des 3 voies de formation (générale, techno, pro).

Pour ce faire, l’UNSA Éducation préconise un enseignement modulaire. Ainsi il est nécessaire de favoriser des validations partielles (approche modulaire des enseignements). Cette démarche de validation des acquis pourrait être engagée par l’organisation des parcours scolaires à partir de modules ou unités capitalisables, définies comme un ensemble de connaissances et de compétences.
Aucune orientation ne doit être définitive :
• les filières ne doivent pas être étanches ;
• nécessité de la fluidité des parcours ;
• mieux préparer les bacheliers à poursuivre leur formation dans l’Enseignement supérieur par le développement de l’autonomie et l’acquisition de méthodes de travail.
Un accompagnement personnalisé, du tutorat, des moyens complémentaires globalisés pour organiser des groupes à effectifs réduits seront indispensables afin de mettre en oeuvre cette nouvelle organisation.
Une réflexion approfondie est également à mener sur une réorganisation des bacs. En effet, le Bac n’est plus une fin en soi mais marque la fin d’un cycle « secondaire » avant d’entamer une formation supérieure dans un continuum allant dans la plupart des cas de « bac‐3 » à « bac+3 », voire « bac+5 ». Un certain nombre d’orientations se décident avant le passage des épreuves terminales.
Le Bac peut et doit être repensé même s’il doit conserver des épreuves terminales significatives.

La valorisation de l’enseignement professionnel
La démocratisation du système éducatif passe par la valorisation de la voie professionnelle.
Il faut augmenter le niveau de qualification des élèves engagés dans la voie pro et réduire le nombre de sorties sans diplôme ou qualification.
L’UNSA Éducation est favorable au bac pro 3 ans. Celui‐ci conserve une finalité d’insertion professionnelle immédiate, non exclusive d’une poursuite d’études qui appelle un accompagnement adapté. Il faut donc adapter les parcours de formation en fonction du public accueilli :

  • accompagnement pédagogique renforcé ;
  • parcours en 3 ou 4 ans ;
  • maintien des formations de niveau V. Des passerelles doivent exister entre les différents niveaux de formation.

Le lycée polytechnique a vocation de mettre en cohérence, en un même lieu ou par le biais de réseaux d’établissements, autour d’une ou plusieurs branches pro, des formations du CAP à la licence pro. Cette ambition n’est que partiellement portée par les actuels lycées des métiers. Cela faciliterait le développement de passerelles et les changements d’orientation.
Tout jeune doit pouvoir choisir librement ses modalités de formation, statut scolaire, apprentissage hors de toute discrimination (ou contrainte) financière.
L’UNSA Éducation demande, pour les jeunes sous statut scolaire, la création d’un système d’aide à la formation, notamment sous forme d’allocation.
Le stage est un acte pédagogique donnant lieu à évaluation. L’UNSA Éducation demande que :

  • les discriminations dans l’accès aux stages soient combattues ;
  • les périodes de formation en entreprise, pour les jeunes sous statut scolaire, donnent lieu à une réelle prise en charge financière.

La prévention du décrochage scolaire
L’UNSA Éducation fait le choix d’une école « inclusive » qui se doit d’accueillir et de conduire vers la
réussite tous les élèves sans discrimination d’aucune sorte. Cela demande :

  • des contenus, des parcours, un enseignement qui tiennent compte de la diversité des élèves ;
  • une école qui scolarise l’ensemble d’une génération dans un même lieu ;
  • une école qui rejette toute orientation avant la fin de la scolarité obligatoire ;
  • un accompagnement personnalisé dans le temps scolaire ;
  • la réaffirmation des missions des RASED et des Segpa.

Le service public de l’orientation
Le processus d’orientation doit aider les élèves et étudiants à mieux se connaître et mettre en valeur toutes leurs potentialités. L’orientation concerne les conseillers d’orientation‐psychologues (COPsy) en raison de leur expertise spécifique mais tous les personnels doivent être formés à la dimension de
l’orientation.
Le service public de l’orientation prend naissance en formation initiale, en appui sur l’ensemble des pratiques de guidance citées préalablement. Les acteurs spécialisés de l’AIO (Accueil‐Information‐Orientation) ont vocation à prendre le relais tout au long de la vie et les CIO (centres d’information et d’orientation) représentent déjà pour les familles un lieu de recours extérieur aux EPLE. Dans la perspective de leurs mises en réseaux opérationnels, les CIO en sont les acteurs clés, puisqu’ils sont les seuls à oeuvrer au‐dedans et au dehors de « l’École ». Sur les territoires, ils interviennent à l’interface du système de formation initiale, de l’insertion et l’emploi. S’ils détiennent une compétence particulière pour accompagner l’orientation du public «jeunes», elle ne se réduit pas à cela et se nourrit de ses contacts avec le public adulte et les autres acteurs de l’insertion et de l’emploi.
La sauvegarde des CIO, spécificité française dans le paysage de l’orientation tout au long de la vie (OTLV) en Europe et que d’autres nous envient, est un préalable à une organisation valide du Service public de l’orientation. La reprise d’un recrutement de COPsy en nombre suffisant, relevant du droit commun des personnels de l’Éducation nationale, est une garantie qu’ils puissent fonctionner.
Les CIO sont aujourd’hui exsangues et dans l’incapacité parfois de répondre aux besoins. Ils sont de ce fait l’objet de dénigrements permanents (quand on veut se débarrasser de son chien …). Ou alors, justement parce qu’ils seraient porteurs d’une vision complexe et humaniste de la question de l’orientation, ils sont accusés d’être porteurs d’une conception qualifiée de « psychologisante », alors qu’elle vise surtout à mettre la personne au centre de la démarche. Le développement des nouvelles technologies de l’information et l’évolution de la demande des usagers autorisent à envisager des organisations nouvelles qui mutualisent sur les territoires des services et des fonctions. Les formats doivent correspondre à l’analyse des besoins des résidants. Différents modèles peuvent coexister depuis des « maisons de l’orientation » qui réuniraient les acteurs publics locaux de l’AIO en mutualisant les ressources documentaires et des personnels d’appui, à des formats plus éclatés, qui prendraient appui sur les structures existantes.
Plus largement, dans le contexte actuel de la RGPP, nous craignons que la réunion des acteurs publics de l’AIO autour d’une conception de l’orientation tout au long de la vie, à laquelle l’UNSA adhère, centrée sur le besoin des personnes, ne soit celle d’ensembles vides et/ou de personnels précaires et sans véritable qualification professionnelle.

Le renforcement de l’éducation artistique, culturelle et scientifique  

Dans une société éducative, on ne peut dissocier la politique scolaire d’une politique éducative plus large. Celle‐ci doit donner accès dans les temps « hors l’école » aux pratiques artistiques, culturelles et sportives, à l’éducation à la citoyenneté, à l’accompagnement à la scolarité.

La mise en oeuvre d’une politique globale d’éducation repose sur un partenariat équilibré, institutionnalisé et pérenne entre École, parents, acteurs associatifs, professionnels de l’animation et de la culture et collectivités territoriales.
La construction et le développement de l’individu passent par l’accès au patrimoine culturel, mais aussi à une culture vivante, ouverte aux pratiques contemporaines, à la promotion du dialogue culturel et de la connaissance mutuelle des cultures dans leur diversité.
L’UNSA Éducation affirme la nécessité que, dans les établissements scolaires ou universitaires comme dans la cité, les services de documentation et de bibliothèque, les médiathèques offrent un accès libre et gratuit à la lecture, à la documentation et aux supports numériques sur tout le territoire. Ce sont des éléments déterminants pour l’égalité des chances, le développement de l’esprit critique, l’ouverture sur le monde et l’émancipation individuelle.
L’éducation artistique et culturelle doit être un droit reconnu pour tous. L’accès aux pratiques artistiques et culturelles (hors du cadre scolaire) doit être développé sur tout le territoire.
L’École joue un rôle essentiel auprès des jeunes en tant que médiateur de l’art et de la culture. Des enseignements artistiques doivent être dispensés par des enseignants qualifiés dans le cadre de la scolarité obligatoire. Ils doivent être complétés par une éducation artistique qui associe fréquentation des oeuvres, pratique d’un art et rencontres avec des professionnels.
Les interventions d’artistes et de créateurs en milieu scolaire, extra‐scolaire et universitaire doivent être développées pour sensibiliser et initier les jeunes à la culture et à la création.
Les intervenants doivent pouvoir bénéficier de formations appropriées.

N’hésitez pas à visiter le site de la Refondation et à donner aussi votre avis individuellement ici.

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