Le graphique, connu sous le nom de pyramide de Maslow, est souvent évoqué lorsque la question se pose de réfléchir à la hiérarchie des besoins de l’être humain. Simple, sans ambages, il nous rappelle que les besoins physiologiques puis les besoins de sécurité forment le socle de nos besoins humains.
Manger à sa faim, avoir un « chez soi » confortable et sain, évoluer dans un environnement exempt de violences physiques ou psychologiques, nous semble une évidence. Mais pour une partie non négligeable des enfants, ça ne l’est pas.
Quiconque a déjà posé aux élèves la question de l’endroit où ils font leurs devoirs ou avec qui ils partagent leur chambre, le sait. Les personnels qui participent aux commissions fonds sociaux le savent aussi : nombre d’entre eux ne mangent pas chaque jour à leur faim ou n’accèdent pas correctement au confort d’une hygiène quotidienne, de vêtements propres et à leur taille, aux lunettes ou aux soins dentaires nécessaires. C’est parfois à l’occasion de retards récurrents qu’un professeur ou les personnels de vie scolaire comprennent qu’un élève dépose ses petits frères et sœurs à l’école avant de venir au collège. Parce que le(s) parent(s) sont déjà partis travailler. Ou dorment encore.
Comment alors être disponible pour les apprentissages, ou même pour les relations interpersonnelles qui sont le quotidien d’une journée d’école ? D’autant plus quand, à l’école, ces raisons, ou d’autres, sont l’origine de situations de rejets voire de harcèlement qui retentissent sur les besoins supérieurs de la pyramide, les besoins d’appartenance et d’estime.
Ces manques chroniques, ces problèmes récurrents finissent par peser non seulement sur l’enfant qui les supporte, mais également sur les personnels éducatifs, d’encadrement et médicaux-sociaux qui n’arrivent pas à les résoudre, et qui s’y épuisent tant physiquement que psychologiquement.
Il n’est pas question ici d’en faire une liste exhaustive. Le rapport de Jean Paul Delahaye Grande pauvreté et réussite scolaire, les décrit parfaitement. Sept ans après sa parution, le rapport de celui qui était à l’époque Inspecteur général de l’Education nationale est tout sauf obsolète. Il recense, point par point, les inégalités sociales et les difficultés institutionnelles en jeu, et propose, sans langue de bois, des réponses de terrain à ces problématiques pérennes et sans cesse renouvelées.
A l’heure d’une incarnation nouvelle de la politique d’éducation en France, la mise en œuvre d’une politique de résilience, pour les élèves mais également pour les personnels, est, plus que jamais, l’objet de tous nos souhaits.
extrait de Questions d’Educ n° 46: « quel climat pour apprendre ? «